Emigrants crossing the plains - by F. O. C. DarleyLe pionnier a joué un rôle important dans la culture américaine, la littérature et le folklore, même s'il n'est pas le seul symbole
de la colonisation de l'Ouest : cowboys, trappeurs, prospecteurs, mineurs...
Toutefois, le pionnier représente à lui seul ceux qui sont allés dans un territoire inexploré à la recherche d'une nouvelle vie.
Des agriculteurs, des médecins, des commerçants, des forgerons, des missionnaires, des avocats... arrivent de toutes parts
pour s'installer sur les frontières d'Amérique du Nord. Pour bon nombre d'entre eux, leurs ancêtres sont issus de pays européens
comme l'Angleterre, l'Allemagne ou l'Ecosse.
Les uns font route vers l'Oregon, au Texas, ou d'autres régions de la frontière dans le but de prospecter l'or, ou pour la chasse
et le commerce des fourrures. Les autres, parce qu'ils ont entendu des histoires qui font échos de lieux magiques où les terres,
riches et fertiles pour les récoltes, sont bon marché ou disponibles pour la colonisation...
Le "Homestead Act" a d'ailleurs joué un rôle évident dans la conquête de l'Ouest américain.
Signée par le président Abraham Lincoln le 20 mai 1862, cette loi permet à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain
depuis 5 ans, qu'elle cultive et y a construit sa maison, d'en revendiquer la propriété, et ce dans la limite de 160 acres (soit 65 hectares).
Si une famille vit depuis au moins 6 mois sur des terres où les cultures commencent à pousser et qu'elle y a construit sa maison,
elle peut aussi acheter ce terrain à un prix relativement faible de 1,25 dollar par acre (soit 308 dollars pour 1 km2).
Mais les pionniers ont également pu acheter leur terres à bas prix grâce à d'autres lois promulguées pour favoriser l'immigration,
comme le "Pre-emption Act" (1841) ou le "Timber Culture Act" (1873)...
1893 First train leaving the line north of Orlando For Perry, Okla. Terr19th Wagon train company headed WestPartir, cela signifie aussi quitter sa maison, ses proches, ses parents et ses amis, pour endurer les difficultés d'un voyage long
et fastidieux, braver les dangers de la vie de camp dans la nature sauvage des montagnes, sans oublier la terreur des Indiens.
Avant de quitter leurs maisons, ils ont épargné de l'argent pour le voyage, ou vendu leurs terres et autres possessions,
ou bien accepté de travailler pour les autres pendant le voyage.
Avant de départ, le chariot doit être préparé. Cette tâche incombe normalement à la maîtresse de maison.
Une liste est faite et les biens qui ne pourront être emportés sont vendus pour aider à payer le voyage.
Cela représentera pour elle la première des nombreuses déchirures à venir, car elle se rend vite compte que ses effets
personnels ne représentent pas grand chose à côté des fournitures vitales qu'il faut absolument charger dans le chariot.
Emigrant-wagon-familyPour leur expédition, vêtements, meubles, balais et brosses, miroirs, bijoux... ont été emballés.
Mais le plus important sera la nourriture car il ne faut surtout pas en manquer pendant leur voyage : levure de boulangerie,
craquelins, farine de maïs, café, sel, bacon, oeufs, viande séchée, pommes de terre, riz, haricots, et un grand tonneau d'eau,
et même un peu de chocolat pour les occasions spéciales. Ils prennent aussi leurs vaches, s'ils en ont, qu'ils utiliseront
pour le lait et la viande. Et puisqu'ils feront leurs propres vêtements : tissus à coudre, aiguilles, fil, épingles, ciseaux,
et le cuir pour réparer les chaussures usées.
Chaque homme prend une carabine ou un fusil, et certains ajoutent un pistolet. Un bon couteau de chasse est essentiel,
de même que les outils agricoles : charrues, pelles, faucilles, râteaux, binettes, ainsi que des outils de menuiserie :
clous, scies, haches, maillets, ficelles, et les semences de maïs, de blé et d'autres cultures.
A l'intérieur du chariot, accrochés sur les nombreux crochets suspendus aux arceaux, les outils, les bidons à lait, les pots, les casseroles...
offriront un assourdissant tintamarre quand ils seront sur la piste.
Pendant cinq mois ou plus, les pionniers vont ainsi parcourir les pistes. Une famille de quatre personnes peut s'accommoder d'un seul chariot,
pour peu que chacun se libère une place dans le peu d'espace laissé par la cargaison. Les familles qui peuvent se le permettre ont la chance
de pouvoir se doter de plusieurs chariots, certains ont adapté leurs chariots de ferme, d'autres en ont acheté pour ce voyage à sens unique.
1903 Parts of wagon and equipment, Canyon de Chelly, Navajo Reservation, Ariz. TerrTrail Creek Freight TrainFin 1890, "Conestoga" avec la mention "Philadelphia à Pittsburg en 20 jours"Le véhicule le plus célèbre de cette époque est le "Conestoga", tiré par des boeufs, des mules ou des chevaux, les boeufs étant
le plus souvent choisis car beaucoup plus forts, faciles à manier et moins chers. Les boeufs sont surtout moins susceptibles d'être volés
par les Indiens et pourront être utilisés comme animal de ferme à leur arrivée. Ils peuvent survivre avec peu de végétation,
mais se révèlent dangereux quand ils ont chaud et soif.
1883 Ox train used to transport supplies, Arizona Territory1891 Freighting in The Black Hills, between Sturgis and DeadwoodLe "Conestoga" comporte une série de cercles en bois, solidement agrafés aux panneaux latéraux. Sur ces arceaux, on corde une "bâche"
blanche faite de bure ou de toile, préalablement trempée dans l'huile de lin pour la rendre imperméable, protègeant ainsi le contenu du chariot.
Le fond a été baissé au milieu pour le rendre plus stable et éviter que le matériel à l'intérieur ne glisse lors des descentes ou des montées de collines.
Les roues avant sont plus petites que les roues arrière pour faciliter le maniement dans les virages. En outre, les grandes roues cerclées de fer
permettent au chariot de traverser des ruisseaux sans que l'intérieur ne soit mouillé et surtout qu'il puisse se déplacer facilement sur des routes
en mauvais état, jonchées de souches ou de gros rochers.
Sur la route, le "meneur" dirige son chariot soit en marchant à côté de l'attelage, soit depuis le cheval le plus en arrière sur la gauche,
soit sur le panneau robuste près de la roue arrière gauche d'où il a une bonne vision de la route et peut actionner le frein.
1871 Overland stage road crossing the Beaver Head River at Point of Rocks1885 Buckboard wagons crossing Gila River near San Carlos, Arizona TerritoryDeadwood Trail Freight Line1847 Mormon pioneers enrering Salt Lake ValleyPioneers crossing the Arkansas River at Great Bend, KS1886 Covered wagon, great western migration, Loup Valley, Nebr1870s Mormon emigrant family1886 Emigrants at the Gates Post Office in Custer County - by S. ButcherEn moyenne, le convoi de chariots ne parcourt que 16 à 24 km en une journée. Pendant des semaines, chaleur, sécheresse, poussière, orages, neige...
Les jours de pluie, la boue ne permet d'avancer que de 1,5 km. Chaque jour, les pionniers doivent se lever très tôt, avant l'aube, allumer le feu,
préparer le petit-déjeuner, regrouper les animaux, recharger le chariot, et préparer l'attelage avant de repartir. Les enfants quant à eux ont la charge
de traire les vaches, chercher l'eau, aider en cuisine, dénicher du bois pour le feu, secouer les couvertures poussiéreuses...
Early Mormon emigrants take a mid-day rest along the Prairie1869 Wagon trainAu fil des jours, les meubles emmenés sont souvent jetés le long de la route ou avant de traverser une rivière, car il faut alléger le chariot.
En fait, les pionnières laisseront davantage que des meubles le long du sentier qui les mène vers l'Ouest. Beaucoup pleureront leurs enfants,
enterreront leurs maris, subiront elles-aussi la maladie et les attaques d'Indiens ou de bandits.
Frontier woman perilous crossing on the Allegheny River1889 Frank Leslies Illustrated Newspaper - The Oklahoma boomersIndependence Rock, le départ des 96 mile longeant la Sweetwater River du Wyoming.
Aujourd'hui, on peut encore y voir les dessins que les pionniers ont sculpté dans la roche.
Et voilà... A bientôt